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lundi 27 juin 2011

Une prière difficile

« L’homme n’a pas fait que des bêtises depuis son apparition sur cette Terre, heureusement », comme le précisait si bien Hubert Reeves dans l’un de ses écrits. Ce qui est moins heureux cependant, c’est que nous sommes tributaires de notre passé. Nous devons donc assumer le meilleur comme le pire de nos réalisations. Une chose sûre, l’heure n’est plus à l’égocentrisme cupide que nous avons connu depuis toujours. Nous ne pouvons plus considérer le monde extérieur en fonction de notre seul intérêt. Fini de se mettre en orbite autour de notre petite personne. Notre dérive aveugle est à nous conduire vers une catastrophe planétaire sans précédent. L’humanité tout entière est embarquée dans un vaisseau pourri qui prend eau et menace carrément de faire naufrage, périr corps et biens. Et au lieu de s’entraider tous ensemble pour essayer de colmater les brèches, reprendre le contrôle de notre navire, on en est encore à s’entre-déchirer et s’entre-tuer, chacun tirant la couverture à soi pour s’approprier la meilleure ou la plus grosse part de ce qui reste encore à partager. Après moi Dieu et ses lois morales. Après moi les autres et leurs besoins. Après moi le Déluge!
Face à ce monde à la dérive qui entretient une culture de mort, deux alternatives s’offrent à nous. La première: on accepte ce qui est sans se poser de questions, tant on est égoïste, allergique à tout ce qui peut perturber notre petit confort étriqué, et tant aussi, n’ayons pas peur des mots, on a peur de son ombre et peur du changement. Notre monde continuera alors de s’obscurcir tel le soleil voilé par d’épais nuages, l’idée de Dieu comme source de direction éclairée dans nos vies ne jetant plus qu’une lueur incertaine. La seconde alternative: Trève de discours creux et de tâtonnements éternels sur les questions vitales pour la survie de l’humanité. Trève à cet « esprit d’intolérance et d’exclusion qui fait que l’on ne se contente jamais de la liberté pour soi, si l’on n’opprime en même temps celle des autres. » (Renan) Trève de la guerre de tous contre tous qui condamne le genre humain au bagne depuis toujours et enchaîne les nations modernes dans un imbroglio de systèmes creux et immoraux.
Etty Hillesum, une jeune juive hollandaise décédée à Auschwitz en 1943 et qui a vécu sa jeunesse dans l’athéisme avant d’embrasser la foi chrétienne, nous fait découvrir l’extraordinaire prise de conscience de son nouveau cheminement spirituel dans le livre : Etty Hillesum : Une vie bouleversée. E. du Seuil. Lors d’une étape de sa conversion, elle écrit : «Et la saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autres solutions, vraiment aucune autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoique ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs.»
Et si à l’exemple de Etty Hillesum on s’exerçait nous aussi à chercher en nous la pourriture à extirper, puis à s’agenouiller, comme elle, courbés vers le sol, humblement, en guise de respect et de soumission envers l’Auteur de nos jours, pour lui demander de guider nos pas dans cette quête de vérité qui ne pourrait, à la fin, que nous être bénéfiques dans la résolution des problèmes de ce monde déchiré? Si chacun fait le ménage devant la porte de sa maison, la rue ne s’en trouve-t-elle pas nettoyée par contrecoup? L’exercice est plus difficile qu’on ne le croit, cependant. Pour ceux d’entre nous qui ont la nuque raide, certains pourraient même avoir grand mal à se plier à pareille introspection de peur, peut-être, de ce qu’ils pourraient découvrir comme « saloperie »,  ou bien par honte de s’agenouiller…
Vous semblez d’attaque pour relever le défi, compliquons l’exercice un peu plus avec cette prière du père Charles de Foucauld, ermite missionnaire au Sahara assassiné en 1916. Cette prière de soumission, si elle est dite du fond du cœur, tient presque de l’épreuve de foi, tant elle sous-entend d’abandon de la part de celui qui choisit de s’y livrer en toute confiance. « Mon Père, je me remets entre tes mains. Fais de moi selon ta sainte volonté, quelle qu’elle soit. Je te rends grâce, ô mon Dieu, je suis disposé à tout, j’accepte tout pourvu que ta sainte volonté s’accomplisse à travers moi comme à travers toutes tes créatures. Je ne désire rien d’autre, car tu es mon Père. »
Je sais que je vais faire sourire ceux qui identifient la prière à la pensée magique, mais si tous les hommes de ce monde désireux de changer des choses étaient capables d’un pareil élan du cœur, tout en unissant leurs efforts pour donner un nouveau visage à cette Terre déboussolée, qui sait, avec les lumières du Ciel en appui à leur travail, ce qu’ils pourraient arriver à corriger. Seuls les hommes ont le pouvoir de modifier le cours des choses ici-bas, puisque la Terre leur a été donnée en partage. Soutenus par une foi sans faille et guidés dans leurs actions par Celui qui a prévalu à notre entrée en ce monde, je parie sur leur victoire. Que dis-je : sur notre victoire!


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