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vendredi 24 juin 2011

Adam et Ève : Mythe ou pas ? Un débat sans fin…




Dernièrement, lors d’une discussion entre amis sur l’éveil de la conscience dans l’homme, le nom d’Adam est prononcé. Aussitôt, une voix s’élève avec autorité au sein de notre groupe: — Comment continuer à croire à ce récit de sa chute et de son bannissement du jardin d’Eden pour avoir mangé du fruit défendu, quand on voit ce que la Genèse nous raconte à son sujet et celui de ses descendants? Pour moi, cela saute aux yeux, Adam et Ève, le Paradis terrestre, le fruit défendu, tout cela relève du mythe, tant ce récit a si peu à voir avec notre véritable descendance ici-bas. 
Sur le coup, je ne sais trop quoi répondre à cette affirmation. Mais comme le sujet est porteur, je choisis d’y regarder à plus près et d’en débattre lors d’une prochaine rencontre. Si comme le veut l’adage c’est par la confrontation des idées qu’on peut approcher de la vérité, le prochain round de notre échange de vues sur notre vénérable ancêtre promet d’être passionnant. Deux semaines plus tard on se rencontre de nouveau, et Adam revient au cœur de la discussion. Cette fois, c’est moi qui ouvre le débat :
 D’abord, une précision s’impose : les faits concernant les descendants d’Adam ne constituent pas une histoire de l’humanité. Un commentateur de la Bible a écrit au sujet de la prolifique progéniture de notre ancêtre que “la Bible ne nous donne pas à ce sujet une histoire proprement dite. Elle raconte ce qu’on pouvait se rappeler, et ces souvenirs ne sont pas dénués de valeur historique, bien que souvent ils expriment les idées que les tribus hébraïques se faisaient de l’histoire plus que de la réalité des faits.” Le scribe hébreu à l’origine de ces textes s’exprime donc dans les conditions de son temps. Ce qu’il écrit est le reflet de sa culture, celle de son temps, celle du Proche Orient des débuts de la “Révélation” plusieurs siècles avant notre ère. Un procédé littéraire qui serait commun apparemment avec celui de la protohistoire babylonienne.
 C’est Chamfort, je crois, qui a écrit que “cet arbre de la science du bien et du mal qui produit la mort est une belle allégorie.” Selon la conception biblique, le mal et la mort sont entrés dans le monde quand l’homme a succombé à la tentation de manger du fruit défendu. Avant de voir ce qu’il en est au juste du péché originel, rappelons d’abord la nature précise de l’interdit que Dieu avait donné à l’homme : De tous les fruits du jardin tu peux manger, mais de l’arbre de la science du bien et du mal tu n’en mangeras pas, car du jour où tu en mangeras tu mourrais. Le premier homme, nous dit un vénérable docteur, pécha par-dessus tout par le désir de devenir semblable à Dieu quant à la science du bien et du mal, suivant la suggestion que le serpent avait faite à Ève : Non, vous ne mourrez point. Dieu sait, en effet, que du jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et que vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal.
Que ce récit du Paradis perdu soit un mythe ou pas, il est devenu un des fondements de vérité de la Bible. Et comme celle-ci a été traduite à ce jour en plus de 2,000 langues, le moins que l’on puisse dire c’est que ce texte a fait du chemin depuis sa rédaction. Et ce qui le rend encore plus particulier, c’est qu’il n’est pas propre à la Bible, dans un sens. Il existerait des récits cosmogoniques semblables partout à travers le monde. Ils seraient incroyablement nombreux et diversifiés, et pour ainsi dire sous toutes les latitudes, et ils feraient état de la façon dont nous avons désobéi aux dieux. On les aurait nargués, paraît-il, en tentant de nous faire leurs égaux. Comme la relation de notre disgrâce semble commune à la plupart des cultures, on peut donc croire que quelque chose dans notre comportement a tout fait échouer. C’est notre rapport même au monde qui aurait été modifié suite à cette transgression, notre rapport à autrui, et jusqu’à l’ordre intérieur de notre être. En fait, c’est l’harmonie originelle des choses créées que nous aurions perturbé. Un dérèglement d’une portée incalculable, pour la continuité du monde. Le récit de la Genèse sur l’origine de l’Homme et du Mal tient de la Révélation. Or, pour un esprit élevé, cela demande des efforts de concilier le rationnel et le révélé, comme l’a écrit un célèbre humaniste. Il n’est pas facile de croire que des vérités cachées sont révélées aux hommes d’une manière surnaturelle.
Ce qui me défrise, c’est bien la nature mystérieuse de la faute de notre ancêtre commun. Elle semble tellement disproportionnée par rapport à notre capacité de compréhension des choses. Notre comportement est si inconséquent, nous gérons si mal notre liberté, nous sommes si faibles et inconstants. Le récit de la “ chute d’Adam ” conservera toujours un sens caché à mes yeux, malgré toutes les explications qu’on voudra bien m’en donner.
— En fait, si je te suis bien, commente une voix parmi le groupe, ton questionnement tiendrait au fait qu’Adam représente l’espèce humaine dans ce récit. Tu te dis que ce premier homme pouvait difficilement juger d’une action mauvaise en toute conscience, puisque de nos jours encore ses descendants ont toujours de la difficulté à former leur jugement avec soin sur la moralité de certains actes particuliers, et cela malgré tout l’encadrement moral et religieux rattaché aux bienfaits de la civilisation. L’avortement, par exemple, un cas de conscience pour des millions de personnes qui en ont fait un infanticide, alors que pour d’autres ce n’est pratiquement qu’un acte thérapeutique.
 Mon questionnement ne tient même qu’à cela. Mais peut-être Adam était-il doté d’une conscience droite, intègre, absolument pure. Et peut-être que pareille conscience lui apportait une connaissance profonde en toute chose. L’Église, dans son enseignement à ses ouailles, affirme qu’une des conséquences de la faute de nos premiers parents a été l’obscurcissement de notre intelligence et l’affaiblissement de notre volonté, en nous donnant une inclination au mal.
― Si on accepte cet énoncé, avance un autre collègue, cela sous-entend que notre monde était déjà l’enjeu de deux Esprits : le bon et son contraire. Adam était capable de se soustraire à la puissance de l’Esprit du mal, parce que Dieu le gardait de toute tentation, en échange de sa fidélité.
 Adam jouissait d’attributs que nous n’avons pas, c’est certain. Il est dit dans la Bible qu’il était à l’abri de la souffrance, n’était pas sujet à la mort, et que Dieu avait pourvu à son bien-être en l’installant confortablement dans un jardin de délices où il y connaissait un bonheur parfait. Pareils bienfaits devaient sûrement aller de pair avec des facultés intellectuelles hors du commun, une raison éclairée par la lumière de Dieu. Autrement dit, une conscience claire, alors que la nôtre peut facilement se tromper. Celle-ci est sujette à l’erreur, parce qu’elle peut se baser sur de faux principes ou mal raisonner, même en partant de principes vrais. Si Adam était conscient des actes qu’il posait, cela va de soi que la responsabilité de sa faute allait être d’autant plus grande. En acceptant de se soumettre à la consigne de ne pas manger du fruit défendu, Adam et Ève devaient obéir, s’abstenir, reconnaître en quelque sorte leur soumission. Passer outre cette défense formelle, c’était l’affranchissement, l’émancipation, l’individualisme, le premier pas vers la déification. “Vous serez comme des dieux”, avait dit le serpent, puisqu’ils allaient s’approprier une connaissance connue de Dieu seul. L’autonomie au lieu de la dépendance.
 Nos premiers parents rejetaient en quelque sorte la tutelle de leur Créateur pour décider plutôt par eux-mêmes de suivre leurs propres règles de conduite, sans référence aux valeurs divines inscrites dans leurs consciences… Subitement, les sources de l’éthique et de la morale ne viennent plus du Créateur, mais de la créature… N’est-ce pas toujours le cas aujourd’hui?

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