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mercredi 15 juin 2011

Liberté chérie



« Le maire Jean Tremblay persiste… et prie » titrait La Presse Canadienne (Saguenay)  au début de mars 2011.
« En dépit d’un récent jugement du Tribunal des droits de la personne l’interdisant de le faire, le maire Jean Tremblay a récité sa traditionnelle prière avant le début de la séance du Conseil municipal de Saguenay, lundi soir. […] Jean Tremblay a confirmé après la séance qu’il avait des avis de ses avocats lui permettant, sans aucune réprimande du Tribunal, d’aller de l’avant avec sa prière. […] Dans un communiqué, (le collectif) “Citoyens pour la démocratie” a dit refuser que le maire Tremblay prétende parler au nom de l’ensemble des citoyens dans sa croisade pour la prière. […] Le Mouvement laïque québécois (MLQ) avait aussi donné instruction à son avocat d’entreprendre des procédures d’outrage au tribunal si le maire ne respectait pas l’ordonnance de cesser la récitation de la prière et de retirer les symboles religieux dans la salle du conseil. »
La prière au centre de toute cette polémique est la suivante : « Ô Dieu, éternel et tout-puissant, de qui vient tout pouvoir et toute sagesse, nous voici assemblés en votre présence pour assurer le bien et la prospérité de notre ville. Accordez-nous, nous vous en supplions, la lumière et l’énergie nécessaires pour que nos délibérations soient destinées à promouvoir l’honneur et la gloire de votre saint nom, et le bonheur spirituel et matériel de notre ville. Ainsi soit-il »
Nous vivons dans une société de droits. Tout le monde affirme ses droits, et tout le monde est prêt à se défendre bec et ongles pour les faire valoir. La grande question à se poser, c’est où s’arrêtent mes droits, et quand ceux-ci briment-ils ceux de l’autre? Là entre en scène l'exercice périlleux de la liberté. En suivant dans la presse écrite et télévisée les nombreux débats que suscite cette histoire de prière et toutes les passions qu’elle a déclenchées, je me demande ce qu’en aurait pensé le grand philosophe britannique John Stuart Mill, l’un des penseurs libéraux les plus influents du XIXe siècle. Dans son essai « De la liberté » publié en 1859, Mill s’interroge sur les questions essentielles du projet de société libérale. À quelles conditions et jusqu’où une société peut-elle empiéter sur la liberté des individus qui la composent? 
En relisant « De la liberté », j’ai choisi d’en partager avec vous les réflexions suscitées par ce bref passage :
[…] « tout ce qui affecte une personne peut en affecter d’autres par son intermédiaire; et l’objection qui se fonde sur cette éventualité fera l’objet de nos réflexions ultérieures. Voilà donc la région propre de la liberté humaine. Elle comprend d’abord le domaine intime de la conscience qui nécessite la liberté de conscience au sens le plus large : liberté de penser et de sentir, liberté absolue d’opinions et de sentiments sur tous les sujets, pratiques ou spéculatifs, scientifiques, moraux ou théologiques. La liberté d’exprimer et de publier des opinions peut sembler soumise à un principe différent, puisqu’elle appartient à cette partie de conduite de l’individu qui concerne autrui; mais comme elle est presque aussi importante que la liberté de penser elle-même, et qu’elle repose dans une large mesure sur les mêmes raisons, ces deux libertés sont pratiquement indissociables. C’est par ailleurs un principe qui requiert la liberté des goûts et des occupations, la liberté de tracer le plan de notre vie suivant notre caractère, d’agir à notre guise et risquer toutes les conséquences qui en résulteront, et cela sans en être empêchés par nos semblables tant que nous ne leur nuisons pas, même s’ils trouvaient notre conduite insensée, perverse ou mauvaise. En dernier lieu, c’est de cette liberté propre à chaque individu que résulte dans les mêmes limites, la liberté d’association entre individus : la liberté de s’unir dans n’importe quel but, à condition qu’il soit inoffensif pour autrui, que les associés soient majeurs et qu’il n’y ait eu dans leur enrôlement ni contrainte ni tromperie.
Une société – quelle que soit la forme de son gouvernement – n’est pas libre, à moins de respecter globalement ces libertés; et aucune n’est complètement libre si elles n’y sont pas absolues et sans réserves. La seule liberté digne de ce nom est de travailler à notre propre avancement à notre gré, aussi longtemps que nous ne cherchons pas priver les autres du leur ou à entraver leurs efforts pour l’obtenir. Chacun est le gardien naturel de sa propre santé aussi bien physique que mentale et spirituelle. L’humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu’à le contraindre à vivre comme bon semble aux autres.»


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