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mercredi 30 novembre 2011

Les écureuils, les corneilles, les manchots et les labbes...

            Par un beau matin de l’automne, alors que l’homme flânait, un café à la main, devant la fenêtre de la salle à manger de sa résidence, observant avec intérêt les allées et venues d’un gros écureuil gris à qui il venait de lancer une poignée d’arachides, son attention était attirée tout à coup par l’arrivée de l’un de ses congénère au pelage noir. Et alors qu’il y avait suffisamment d’arachides pour contenter les deux petits mammifères, immédiatement c’était la course folle entre le premier arrivé et le nouveau venu pour éconduire ce dernier, au lieu de se partager sagement les fruits de l’heureuse trouvaille. 
            Or, pendant que les belligérants se couraient après, délaissant par la force des choses leur précieuse découverte- l’hiver était aux portes et ces arachides étaient plus que la bienvenue avec l’arrivée de la saison froide-, une corneille perchée à leur verticale flairait immédiatement la bonne affaire. Et de sa voix criarde, elle lançait aussitôt un appel à ses pareilles de rappliquer à tire-d’aile. En un rien de temps, deux de ses piaillardes consoeurs étaient sur place, et le trio se lançait à la curée. Quand de guerre lasse le poursuivant choisissait d’abandonner sa folle poursuite entre les arbres du jardin pour s’occuper plutôt des fruits de sa découverte, ceux-ci s’étaient envolé avec les pillardes !
            Dans le même temps, à des milliers de kilomètres de là, en Géorgie du Sud, cette île accidentée de climat rude et très venteux, dépendance des Falkland, au Sud de l’océan Atlantique, deux femelles manchots qui se détestaient et qui avaient construit leur nid côte à côte en raison de l’exiguïté de la plage qu’elles partageaient avec des milliers de leurs congénères, se querellaient à grands coups de becs et à cris redoublés d’intimidation au milieu d’une promiscuité de ces oiseaux marins palmipèdes, à donner le vertige. La raison de leur querelle, c’était de simples petits cailloux que les deux femelles avaient patiemment rassemblés en un petit muret de protection autour de leurs nids respectifs posés à même le sol de la plage, afin d’empêcher les œufs qu’elles étaient à y couver de rouler en dehors du nid.
            Or, pendant que les deux querelleuses se disputaient ainsi à qui mieux mieux la possession de ces cailloux recherchés du fait des milliers d’autres manchots de l’île qui les convoitaient pour le même usage, les deux ennemies, occupées qu’elles étaient chacune de leur côté à dérober les pierres de l’autre à l’instant où l’une d’entre elles s’absentait pour aller se ravitailler, ne portaient pas suffisamment attention aux manœuvres de deux labbes qui rodaient autour de leurs nids. Puissants voiliers des latitudes polaires, ces oiseaux de mer chapardeurs n’appréciaient rien autant que les œufs de manchots pour agrémenter leur menu quotidien.   
Travaillant en équipe, pendant que l’un des pillards faisait diversion avec une première femelle manchot, la harcelant sans cesse pour la distraire de sa tâche de couvaison, ce alors qu’elle était déjà fort occupée dans le même temps à se quereller avec sa voisine, le second labbe, effronté et opportuniste à souhait, profitait d’un instant d’inattention de la belliqueuse pour plonger son bec sous elle, et lui dérober le premier œuf à sa portée.
En raison de leur incapacité à mettre fin à leurs querelles stériles pour faire corps contre l’ennemi commun, ce alors que la nature les avait pourvues de becs redoutables pour se défendre, les deux voisines chicanières se faisaient tour à tour dépouiller d’un œuf de leur précieuse couvée. Deux œufs qui ne viendraient jamais à éclosion pour assurer la précieuse descendance toujours compromise de ces manchots des régions arctiques inhospitalières, du fait même de l’extrême rudesse du climat.
Deux épisodes d’une grande banalité à l’échelle de ce monde animalier où les espèces sont sans cesse en lutte pour leur survie, mais qui peuvent donner à réfléchir si on les transpose au plan humain. Qui parmi nous ne connaît pas une famille dont les enfants ne se pas sont ligués les uns contre les autres, à l’exemple de ces animaux stupides, pour des querelles d’héritage ou autres du genre, jusqu’à se retrouver dépouillés parfois jusqu’au dernier sous en frais juridiques de toutes sortes, pour avoir refusé un juste partage lors d’un  legs familial contesté, s’être laissés aveugler par le mécontentement et la convoitise, plutôt que de sagement choisir l’équité comme guide de leurs actes?
Combien de peuples en ce monde sont déchirés par des luttes fratricides qui les conduisent tout droit à la ruine, par refus de se répartir avec droiture et justice les richesses de leur pays, tout cela pendant que les rapaces de tout acabit les dépouillent allégrement par derrière ? Ne serait-il pas plus sage pour ces hommes aveugles de partager en frères le fruit de ces richesses, plutôt que de s’entretuer bêtement pour leur conquête et leur appropriation par violence ?  
Il n’est pas donné à tout le monde, malheureusement, d’avoir à la fois la rectitude du jugement et la rectitude morale. Mais ces hommes qui sont à la fois droits et rigoureux intellectuellement et moralement sont le sel de cette Terre. Bienheureux celui qui a appris à tarir au fond de son âme la source de l’aigreur et de l’emportement, et qui est au-dessus du calcul sordide. Établi alors dans une sagesse inaltérable qui lui gagne les cœurs, il sera protégé de la folie de la cupidité mesquine qui chez les autres a remplacé la raison. 

« La raison habite rarement les âmes communes et bien plus rarement encore les hommes d’esprit », écrivait France. Mais heureusement cependant, elle habite les hommes de cœur, les hommes d’équité… Je rêve d’un monde où de tels hommes seraient légions. Et je rêve que leur droiture et leur sens de l’équité en viennent à contaminer la Terre tout entière. Que pourraient alors les « corneilles » et les « labbes » de ce monde contre des hommes unis dans l’entraide, la fraternité et la concorde, et dénués de toute forme de rapacité les uns envers les autres ?

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