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lundi 14 novembre 2011

L’indifférence

   
       -- Aie, écoute ça, chérie, c’est dans le journal d’aujourd’hui... Un article sur l’indifférence des gens devant le malheur des autres, dit l’homme à sa conjointe, en pointant de l’index un entrefilet du quotidien qu’il tenait en main. Ils disent dans l’article en question, qu’un des pires cas de non-assistance à personne en danger a été répertorié aux Etats-Unis en 2008, à Hartford, la capitale du Connecticut, une ville de 120 000 habitants… Le cas dont ils parlent a été entièrement capté en images par une caméra témoin…Ça dure une minute demie, mais les images sont tellement incroyables apparemment, que quand tu regardes la vidéo, le temps semble s’éterniser…
-- Ah ! oui ? Raconte, ça m’intéresse…
-- La victime, c’est un ouvrier retraité, un septuagénaire… Au début, on le voit en train de traverser la rue… Et là, tout d’un coup, avant même d’atteindre le milieu de la chaussée, une artère à quatre voies, il est fauché net comme une simple marionnette par deux voitures qui franchissent la double ligne jaune centrale pour dépasser un autre véhicule, avant de prendre la fuite à toute vitesse dans une rue adjacente…Te rends-tu compte, ils ont heurté de plein fouet ce pauvre homme, l’un après l’autre, sans jamais s’arrêter..! À moitié mort au beau milieu de la rue, avec personne autour pour s’en occuper..! Il venait juste de s’acheter un litre de lait, le pauvre diable…
--   Disent-ils s’il y avait des témoins?
-- Mais oui, il y en avait… Des piétons étaient là, et ils avaient tout vu de l’accident et du délit de fuite… Dans la vidéo, on les voit apparemment qui restent là pendant de longues secondes sans rien faire pour porter secours à la pauvre victime, ni même essayer d’arrêter le trafic…Pendant ce temps-là, neuf voitures continuent de passer autour du corps inanimé en l’ignorant complètement… La palme de l’indifférence revient à un motocycliste…Curieux, il s’arrête, et là il fait le tour de la victime avec sa moto tranquillement, avant de repartir comme si de rien n’était… C’est pas assez révoltant, non..?
-- Et l’homme, il a survécu  finalement ?
-- Oui, mais paralysé, apparemment… Je me demande dans quel monde on vit… Quand Dieu a donné la compassion à l’homme, pour moi il y en a qui étaient ailleurs!
-- Tu devais être de ceux là, certain ! rétorque la femme sur un ton sarcastique.
-- Qu’est-ce que tu veux dire ? reprend le mari, subitement mis sur la défensive.
-- Quand on revenait du chalet, il y a quinze ans de cela environ, à l’intersection du Parc national, la voiture qui venait juste de capoter dans le fossé avec la femme et sa fille coincées à l’intérieur toutes les deux, la tête en bas… J’espère au moins que tu t’en souviens..? Une familiale venait juste de s’immobiliser sur les lieux pour leur porter secours… Un père et son fils, un jeune ado... Tous les deux étendus à plat ventre dans le fossé, la moitié du corps à l’intérieur de la voiture renversée à se démener comme des forcenés pour essayer de sortir de là les deux pauvres femmes coincés derrière leurs sièges… T’avais même pris le temps de t’arrêter à leur hauteur, un instant, pour les regarder faire, mais sans jamais débarquer pour leur apporter ton aide…
-- Pour une raison bien simple, c’est que je leur aurais nui plus qu’autre chose si j’étais descendu…  Avec les deux femmes coincées à l’intérieur, ça faisait déjà quatre personnes dans l’auto.
-- La belle excuse..! T’avais tous tes outils de travail avec toi, dans le coffre… Et les deux pauvres gars forçaient comme des débiles pour essayer de démonter les sièges, avec juste leur bonne volonté pour leur venir en aide… Tu vas pas essayer de me faire croire toujours, avec ta carrure d’épaules et tout ce que tu avais à ta disposition pour les aider que ça n’aurait pas fait une différence, si t’avais décidé de t’en mêler..? Et ça pressait joliment, parce qu’il y avait une fuite d’essence, en plus…
-- C’est justement, c’était pas le temps de risquer de provoquer une étincelle en utilisant n’importe quoi n’importe comment, pour les sortir de là. C’aurait pu tout faire sauter !
-- T’avais même pas daigné seulement faire demi-tour pour revenir au village et téléphoner à la police pour demander de l’aide..! Ça t’aurait pris dix minutes !
 -- On était déjà en retard et j’avais deux heures de route à me taper avant d’arriver à la maison.
-- L’année passée, dans le rang St Alphonse, quand on revenait de chez mon frère Paulo, et qu’on est tombés face à face avec les deux voleurs en train de dévaliser un chalet, t’as continué ton chemin comme si de rien n’était, comme si tu ne les avais jamais vus. Tu préférais détourner les yeux, plutôt que d’intervenir..! T’as jamais même voulu prévenir la police… T’avais juste à faire le 911sur ton cellulaire..! Mais non, tu voulais pas avoir d’ennuis, des fois que t’aurais pu être interrogé sur ce que tu avais vu… Ce n’était pas de tes affaires, que tu disais !
 -- Et je le maintiens encore. C’aurait pu me coûter une journée de travail, si j’avais été convoqué pour faire une déposition à la police… Les affaires des autres, je m’en mêle pas !
-- Comme pour la famine en Éthiopie, hein ? Ça faisait juste six mois qu’on était mariés à l’époque, et c’est là que j’avais vu que  les affaires des autres, c’est le cas de le dire que tu t’en mêles pas..! Tous ces pauvres malheureux couverts de mouches, avec leurs grands yeux résignés et qui ne se plaignaient même pas, alors qu’ils mouraient de faim par milliers à tous les jours… Tous ces pauvres enfants squelettiques aux ventres gonflés comme des outres pendus au sein de leur mère, et qui n’avaient même plus la force seulement de pleurer, tant ils étaient affaiblis par le manque de nourriture… Des images insupportables qui avaient fait le tour de toutes les télévisions du monde… C’était tellement effrayant à voir que j’en avais pas dormi de la nuit..! Pas toi, parce qu’au bout de deux minutes, t’avais préféré aller te coucher, plutôt que de continuer à regarder le reportage.
-- Je suis trop sensible pour voir des images pareilles. Surtout quand je sais qu’on peut rien y faire.
-- Ah ! oui, rien y faire ? Quand je t’ai parlé d’envoyer de l’argent en Éthiopie, afin d’essayer d’aider un peu ces pauvres miséreux, tout de suite tu t’es braqué… Fallait pas faire ça, parce que c’était pas sûr que l’argent allait se rendre à destination…C’était pas de nos affaires que tu disais, comme toujours… Aie, l’aide était acheminée via la Croix Rouge Internationale..! Heureusement que les bénévoles et les donateurs qui la supportent dans ses actions humanitaires n’ont pas peur de s’impliquer, eux autres,  pas peur de se mêler des affaires des autres !
-- Bon, mais tu vas m’excuser, mais il faut que j’aille sortir mes poubelles et le bac de récupération pour la collecte de demain, interrompit l’homme, tout en se levant précipitamment de son fauteuil, trop heureux de fuir cette discussion qui commençait à sentir un peu trop le roussi pour lui.
-- C’est ça, fais donc cela..! Einstein avait bien raison, quand il disait que « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire! » 
Et sarcastique, la femme ajouta :
-- Et tous ceux qui disent que les affaires des autres, ce ne sont pas de leurs affaires ! 

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