Pour laisser un commentaire,

Pour laisser un commentaire, créer un account google à l'adresse www.google.com/accounts/, une fois l'account complètement créé, connectez-vous sur votre account nouvellement créé. Par la suite, aller sur le site http://les-yeux-du-coeur.blogspot.com/ et cliquer sur connection en haut à droite de la page.



samedi 26 novembre 2011

Le phare

               
         Nul ne savait exactement quand ce phare était apparu au sommet de son promontoire rocheux, parmi les brisants d’une côte décapée jusqu’au granit par les humeurs mauvaises d’une mer soufflant en tempête pour ainsi dire depuis toujours. Aussi loin que l’on pouvait remonter dans le temps, ce phare avait toujours été là à défier la fureur du grand large, pour ainsi dire à la limite extrême du monde. Nuit et jour, voilé des embruns des furieuses rafales d’un vent mouillé imprégné des relents du varech flottant, ce phare montait la garde au sein des récifs et des hauts fonds d’une côte truffée d’écueils mortels.  
            De mémoire d’homme, personne ne se souvenait d’avoir jamais vu autre chose qu’un vent de tourmente dans les parages de ce phare éternellement battu d’un ressac lugubre et hurlant qui couronnait parfois jusqu’à hauteur de ses feux. Aussi, de jour comme de nuit, alors que la mer déchaînée s’acharnait-elle inlassablement contre cette haute tour auréolée de lumière, navires et voyageurs savaient qu’ils pouvaient compter sur la présence rassurante de cette sentinelle indéfectible qui veillait de son faisceau lumineux à les conduire à bon port.
            Ce phare, ne pourrait-on pas le comparer à l’Église qui depuis des siècles guide ses fils et ses filles de ses lumières, dans la tourmente? Oh ! bien sûr, à certaines époques, ce flambeau qui éclaire notre monde s’est fait moins perceptible, lors d’orages particulièrement menaçants qui ont fortement obscurci le rayonnement de sa présence rassurante. Des gardiens du phare n’ont peut-être pas toujours veillé avec la même vigilance à ce que sa lumière brille du même éclat que celui de sa flamme d’origine.
            Malgré cela, ne sont-ce pas ces successions de personnes au sein de l’Église qui avec une originalité et une vitalité sans cesse renouvelées mettent tout en œuvre depuis dix-sept siècles pour entretenir bien vivant le flambeau du fabuleux héritage légué au monde par le Sermon sur la Montagne? Que serait devenu le rayonnement de ce phare dans ce monde troublé où tout y est perpétuellement remis en cause, sans l’apport  précieux de ces êtres de réflexions, d’argumentations et d’expériences ? L’institution deux fois millénaire de l’Église aurait-elle encore un ascendant sur les hommes de toutes cultures et de toutes nations, elle qui n’a jamais été épargnée des revendications et protestations de ceux-là mêmes qui bénéficient le plus de ses lumières ?
Ne peut-on pas conclure, en cette ère de communication universelle qui est la nôtre, que l’Église, du fait qu’elle est scrutée à la loupe dans les moindres de ses actions et soumise à la critique légitime de ses propres fils, est plus vivante que jamais, malgré la défection de ceux de ses nombreux fidèles dont la foi attiédie leur a fait quitter le navire sur la pointe des pieds, au cours des dernières décennies ?
Je laisse ici la parole à l’essayiste Jean-Claude Guillebaud qui affirme avec force sa confiance en l’Église, dans un ouvrage que tout chrétien se devrait de lire : « Lettres aux catholiques troublés ».
« À côté d’un christianisme de la puissance et de l’institution, il y a toujours eu un christianisme de la protestation, lequel n’épargnera jamais l’institution elle-même. Or, c’est pourtant de l’Église que les protestataires étaient les enfants, c’est d’elle qu’ils procédaient. […] La parole vive, celle qui entretient le feu évangélique, a le plus souvent circulé dans les marges de l’Église, quand ce n’est pas en réaction contre le conservatisme  ou la sclérose de cette dernière. Ce sont les protestataires et les mystiques qui ont transmis le feu de la Parole. […] C’est au sein de l’Église, et par elle, qu’ils avaient accédé à la parole évangélique. […] L’extraordinaire longévité du christianisme trouve là son origine : une institution périodiquement réveillée par ses propres dissidents. Sans la protestation venue des marges, le message se serait affadi ou même éteint. Mais sans l’Église, il n’aurait pas été transmis. Dissidence et institution sont comme l’avers et le revers d’une même vérité en mouvement. »
Nous aurons toujours besoin des feux de ce phare pour nous aider à reconnaître notre route et trouver la paix dans ce monde obscurci où tant d’hommes errent sans but leur vie durant, sautillant et batifolant d’une croyance à une autre, dans leur quête désespérée de trouver un sens à leur existence. Si certains d’entre nous croient orgueilleusement qu’ils peuvent conduire leur barque sans l’aide de cette lumière au milieu des écueils de toutes sortes qui jalonnent nos vies, je ne suis pas de ceux-là.
L’homme qui a jeté les assises de ce phare, il y a deux mille ans, a payé de sa vie pour que sa lumière soit diffusée à l’échelle de notre monde. Et au cours du dernier siècle seulement, un million d’hommes ont été sacrifiés à leur tour sur l’autel de l’intolérance, pour avoir mis tout en œuvre pour que la flamme très pure de ce phare continue sa percée dans le labyrinthe de nos consciences ténébreuses ! 
   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire