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dimanche 16 octobre 2011

L’homme réinventé

                          
            Qui d’entre nous n’a pas rêvé un jour ou l’autre de changer notre monde ? « Ah !si j’étais le bon Dieu, affirmons-nous avec l’assurance d’un gérant d’estrade, il me semble que je n’aurais pas eu de misère à faire mieux! D’abord, je n’aurais pas permis qu’il y ait tant de désordre, de pourriture et d’atrocités de toutes sortes. J’aurais fait un monde où il n’y aurait eu que la paix et l’amour entre les hommes. »
            À croire pour un peu que Dieu serait responsable de tous nos maux ! A-t-on oublié que cette terre nous a été donnée en partage, et que l’entière responsabilité d’en assurer la bonne gérance nous incombe à tous ? L’homme créé libre ne se serait-il pas enfermé en lui-même en choisissant de faire cavalier seul dans la gestion de son legs ? En ne reconnaissant pas le secours de l’Esprit en lui, le Souffle, la Vie même de sa vie, ne se serait-il pas nié lui-même, privé de la parfaite connaissance des choses divines et humaines ? Faire fi de l’Amour qui avait été déposé en lui à sa Création, et qui était un gage de l’unité de son esprit avec celui de son Créateur, n’aurait-il pas transformé l’homme en un être orgueilleux, vindicatif, prompt à la condamnation et aux représailles ? Refusant le pardon, l’indulgence et la paix à ses semblables, ne se serait-il pas enfermé en enfer, un enfer qu’il aurait lui-même créé ?
            Comment Dieu aurait-il pu créer l’enfer puisqu’il est perfection ? Depuis quand ce qui est parfait peut-il engendrer son contraire ? La lumière, si elle côtoie les ténèbres, leur est pourtant opposée. Les ténèbres apparaissent à l’instant où la lumière disparaît. L’homme, en faisant le choix de rejeter Dieu de sa vie ou de trouver des accommodements avec Lui, se détourne de la Lumière. Il vit alors dans les ténèbres, sous l’emprise de l’ignorance, de la déraison et de la folie, fermé aux autres, se regardant le nombril, sans guide, sans repère, sans espérance.
             La première étape dans l’itinéraire initiatique de l’homme qui cherche à trouver en lui la révélation d’un Dieu semblant briller par son absence, c’est la reconnaissance de son indignité, de tous ces vices et laideurs qui s’étalent dans toute leur nudité sous le regard de son Créateur. La seconde, c’est la quête de la Source en lui. Dieu nous donne l’impression d’éloignement, mais c’est nous qui nous nous sommes détournés de Lui. Pour retrouver cette Présence vivifiante, il faut prendre le temps de s’arrêter, prêter l’oreille, s’abandonner, se souvenir de l’enfant toujours présent en nous et dont le Christ nous invite à retrouver la pureté, l’étonnement et l’émerveillement, toutes facultés de l’âme qui sont le commencement de la Sagesse. Laissez vivre cet enfant en nous nous fera poser sur le monde un regard frais et nouveau.
            La véritable connaissance n’est pas accumulation de savoir mais fraîcheur du regard, innocence du cœur. Il nous faut apprendre à voir au-delà des apparences, si on veut espérer découvrir de nouvelles profondeurs en nous et chez les autres. C’est la quête de l’absolu, de l’essentiel, de ce qui est par son essence. Ces choses ne sont pas cachées, elles sont mêmes évidentes, mais elles échappent au regard. Comme l’exprimait si bien St-Exupéry, si elles sont invisibles pour les yeux, c’est parce qu’on ne voit bien qu’avec le cœur. Aussi faut-il cultiver en nous ce regard nouveau, celui-là même avec lequel Dieu nous voit. Car malheureusement nos yeux sont obscurcis par tous ces préjugés, toutes ces croyances et opinions préconçues qui nous remplissent de suspicion à l’égard de notre  prochain.
            À une certaine profondeur de vérité, on est seul face à soi-même, face à Dieu. Étonnamment, cette quête d’absolu ne nous sépare pas des autres. Au contraire, elle nous permet de les percevoir dans ce qui compose leur essence même. Lorsqu’on cherche, on trouve. Lorsqu’on a trouvé un début de réponse à notre questionnement, il nous faut plus que jamais demeurer en éveil afin de retrouver notre innocence originelle, notre identité véritable. Plus cette perception se fera révélation en nous, plus elle nous débarrassera de cette gangue des représentations illusoires de notre petite personne qui nous conduit à offrir à l’autre une fausse image de vertu, alors que l’intérieur est corrompu.
            Le goût et le besoin du Vrai nous conduisent à retourner notre sol, à le défricher. Et comme nous portons une semence divine qui ne peut croître que dans une terre labourée, il faut persévérer dans notre travail de défrichement, la plus petite des semences pouvant donner naissance au plus grand des arbres. Un arbre de vie, aux ramures fortes, porteur de fruits pour nos semblables.
            Telle est la quête de vérité qui conduit au champ de la vraie connaissance. Par notre défrichage, nous prenons possession graduellement de ce champ en vue de le faire fructifier. Commence alors à poindre en nous l’homme nouveau, l’homme attentif, délicat, fraternel, ouvert aux autres. Toujours plus conscient des entraves qui nous empêchent d’accéder à cette vraie connaissance, notre libération passe par le grand nettoyage de toutes ces petitesses et méchancetés de notre esprit qui font obstacle à la complète émancipation de notre intelligence.
            « Beaucoup sont appelés, peu sont élus. » (Évangile). C’est dans la mesure de notre réponse à l’Intelligence créatrice, que nous nous rendons aptes à notre élection. Dans le cas d’une démarche visant à reconnaître et manifester cette préséance de l’Esprit en nous, nous devenons alors l’ouie, la parole, l’œil de l’Auteur de nos jours. Un tel homme réinventé à l’image de son Dieu ne peut plus supporter l’injustice autour de lui, l’indifférence de tant d’entre nous face aux souffrances des opprimés. Comme il aime alors son prochain comme lui-même, « si ce prochain est dans la souffrance, alors il est lui-même dans la souffrance », comme le disait si bien l’abbé Pierre.
            Celui qui réapprend à voir notre monde avec les yeux du cœur se libère des ténèbres pour marcher dans la Lumière. Mais pour percevoir cette Lumière, il faut cultiver l’innocence du regard, une fraîcheur qui ne trouve sa source que dans la pureté du petit enfant. Heureux ceux qui ont développé cette faculté de voir propre aux cœurs purs, car non seulement ils savent que la chair périssable en eux retournera à sa poussière d’origine, mais ils savent aussi que leur esprit issu de la Lumière retournera à la Lumière.
            Cet homme nouveau tourne le dos sans regret aux choses qui sont derrière lui, car désormais il va de l’avant, vers les choses essentielles qui sont devant lui, dans la Lumière.  
            Un seul homme éveillé, et une humanité nouvelle peut se lever.

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