Pour laisser un commentaire,

Pour laisser un commentaire, créer un account google à l'adresse www.google.com/accounts/, une fois l'account complètement créé, connectez-vous sur votre account nouvellement créé. Par la suite, aller sur le site http://les-yeux-du-coeur.blogspot.com/ et cliquer sur connection en haut à droite de la page.



mardi 12 juillet 2011

Pour qui sonne le glas?

    
« Je sais que je vais mourir! », avait confié, désespérée, Maria do Espirito Santo à sa sœur Laisa, quelques jours avant d’être assassinée avec son mari dans une embuscade, fin mai, en Amazonie. Le couple se savait condamné pour sa lutte contre les déboisements illégaux qui ravagent la plus grande forêt du monde.
Cette nouvelle parue dans un journal du 25 juin dernier sous le titre : « La peur règne en Amazonie », m’a laissé dans un état à la fois d’accablement et de révolte. Je savais que depuis des décennies une déforestation sauvage était en cours au Brésil, et que ces déboisements illégaux étaient responsables pour une bonne part des émissions de gaz à effet de serre qui, lentement mais sûrement, feront de la Terre un « no man’s land » pour les générations à venir, si nos habitudes de vie et nos façons de faire les choses ne changent pas de façon radicale.

Zone déforestée en Amazonie brésilienne. Photo: AFP Antonio Scorza 
Cas isolé que ce double meurtre, pensez-vous? Cette exécution était suivie de l’assassinat de six autres paysans militants pour les mêmes nobles intérêts, dans les jours suivants, et tous ces crimes restaient toujours impunis un mois plus tard. La commission pastorale de la Terre, une organisation liée à l’Église, calcule que 800 personnes ont été assassinées dans ce contexte au cours des quarante dernières années, et que 125 paysans sont aujourd’hui menacés pour leur engagement contre le déboisement illégal au Brésil.
La mort de Maria do Espirito Santo, 51 ans, et de son mari José Claudio Ribeiro, 52 ans, qui dénonçaient les actions illégales des bûcherons clandestins, était une mort annoncée, est-il bon de le préciser. Pendant des mois, ils avaient reçu des menaces de mort. Les « pistoleiros » (tueurs à gages) engagés pour les abattre avaient eu tout leur temps pour planifier leurs crimes. Le visage masqué par des cagoules noires, ils avaient surgi d’un bosquet pour cribler de balles les deux militants écologistes, alors que ces derniers qui voyageaient à moto avaient dû ralentir au passage d’un pont improvisé.
Au lendemain de l’assassinat du couple martyr, la présidente Dilma Rousseff ordonnait une enquête rigoureuse, mais personne n’aurait encore été inquiété jusqu’à maintenant. Bien plus, force aurait été de mettre à l’abri dans un endroit inconnu dix autres activistes écologistes, devant les menaces de mort qui pesaient toujours sur eux.
Fait non négligeable à signaler, après plusieurs années de baisse, le déboisement illégal aurait connu une hausse spectaculaire en mars et avril dernier. Ainsi, 600 km² seraient partis en fumée sous la pression des bûcherons, des éleveurs de bovins et des producteurs de soja avides de nouvelles terres. Une superficie six fois supérieure à la même période de 2010. Tout cela alors que le Brésil a pris l’engagement de réduire de 80% d’ici 2020 ses émissions de gaz à effets de serre, essentiellement dues au déboisement à outrance.
Il y a quelques années, la culture du soja était le principal facteur de la déforestation amazonienne. Mais suite à de multiples pressions de l’opinion publique, un compromis était conclu avec l’industrie : celle-ci s’engageait alors à ne plus acheter d’oléagineux en provenance des zones déboisées. Résultat : la culture du soja n’était plus un facteur important du déboisement en Amazonie. Aujourd’hui, c’est l’élevage bovin qui est responsable de 80% de la déforestation. Et cet élevage s’avère être un plus grand fléau que son prédécesseur : 12 000 km² de forêts détruites entre août 2007 et juillet 2008, soit quatre fois plus qu’en 2006! Le pays occupe 30% du marché mondial de l’exportation de la viande bovine. De ce marché, l’Amazonie compte pour 22% de ces exportations.  
À l’échelle mondiale, le Brésil est à ce jour le quatrième plus gros émetteur de CO². Mais face à la pression des différents courants de l’opinion, des poursuites judiciaires de grande envergure ont été entreprises par le ministère public pour mettre fin à ce pillage éhonté de l’une des ressources vitales les plus compromises de la Terre.
Que peut-on faire, à l’échelle de chaque personne, pour que tous ces valeureux militants d’Amazonie qui ont payé de leur vie leur engagement pour la sauvegarde d’une forêt légendaire devenue l’enjeu d’une convoitise effrénée, ne soient pas morts en vain? Une chose bien simple : s’engager à la suite de ceux qui poursuivent leur combat. Les opposants à cette déforestation illégale sont nombreux au Brésil. Mais ailleurs dans le monde, ils sont légions également. Chez nous, « Greenpeace Canada » est l’un de ces organismes qui dénonce et mène une lutte de tous les instants pour mettre fin à cet élevage éhonté pratiqué au détriment de cette ressource forestière unique au monde. Et il y a aussi « Équiterre », cette autre formidable organisation écologique dont Steven Guilbeault est le co-fondateur. Selon le journaliste Éric Moreault, cet écologiste pur et dur fait partie, « sur la planète, du cercle restreint de ceux dont l’opinion compte sur les changements climatiques. ». « Changer le monde un geste à la fois », voilà l’adage de Steven.
 Faute de ne pouvoir monter au front à la suite de tous ces braves militants qui crient tout haut ce que nous pensons tout bas et paient souvent cruellement de leur personne leur engagement pour la défense de notre planète, à l’exemple de Claudio Ribeiro et Maria do Espiranto Santo, on peut toujours manifester notre soutien pas nos deniers, meilleure façon souvent pour tout un chacun de témoigner notre appui à toutes ces actions engagées pour changer notre monde. Un geste à la fois, si humble soit ce geste. L’océan n’a-t-il pas commencé, à ses origines, par la simple agglomération de quelques gouttes d’eau?

Ajouter une légende
Mais si, malheureusement, nous ne nous sentons nullement concernés par cette lutte titanesque entreprise à l’échelle planétaire pour mettre fin aux abus criminels de ces pilleurs de notre planète, que les mots « amour du prochain » sont si peu de choses pour nous que le combat de l’ombre de tous ces martyrs qui souffrent et meurent pour leur cause sonne à nos oreilles comme vaine alarme face à un péril dont les enjeux mortels nous importent peu, on peut toujours continuer de danser sur notre volcan. Et le glas continuera de sonner de son côté pour ce « prochain » oublié qui aura payé de sa vie pour assurer la nôtre. Jusqu’au jour où face à un monde ravagé de toutes parts sous l’impact des dérèglements climatiques, notre survie en vienne à être directement menacée par quelque terrible cataclysme qui nous tombera dessus, au moment où on s’y attendra le moins. Alors ce sera peut-être à notre tour de crier d’une voix désespérée : « Je sais que je vais mourir! »


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire