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mardi 6 septembre 2011

L’abreuvoir


                                               

Il y avait quelques années que cet abreuvoir pour les oiseaux avait été installé dans notre jardin de l’arrière-cour. Suspendu à la branche d’un lilas par des chaînettes, il se faisait si discret dans le paysage que la plupart du temps on oubliait de le remplir. Si bien que c’était en général la pluie qui s’en chargeait. Aussi, en période sèche, l’abreuvoir se transformait-il en véritable cloaque, du fait du manque d’eau. Un résidu de matière visqueuse si peu invitant, qu’aucun oiseau ne daignait venir y boire.
Occupé que nous étions à nos tâches quotidiennes, nous avions mis du temps à réaliser qu’idéalement il fallait renouveler l’eau de cet abreuvoir à chaque jour, si on voulait que les oiseaux qui gravitent autour de notre maison s’y intéressent. Aussi, un beau jour, bien décidés à rendre ce bassin plus fonctionnel, on l’avait nettoyé à fond avant de le remplir. Et oh! surprise, alors qu’on n’avait même pas encore terminé de verser l’eau dans la vasque, trois abeilles sauvages qui tournoyaient autour venaient se poser sur son pourtour pour se désaltérer des gouttelettes d’eau qui y avaient giclé.
Émerveillés par cette découverte, on plantait nos chaises de jardin à quelques mètres de l’abreuvoir pour voir si celui-ci n’attirerait pas d’autres clients. À notre grande surprise, toute une petite faune ne devait pas tarder à profiter de cette généreuse aubaine, d’autant plus que la pluie se faisait attendre depuis nombre de jours déjà. En moins d’une heure, un geai bleu, deux mésanges et un écureuil faisaient honneur à notre abreuvoir, sans compter une bonne dizaine d’abeilles et un moineau qui, pour sa part, choisissait d’y faire trempette en  s’ébouriffant gaiement les plumes.  
Ce bassin d’eau n’était qu’un tout petit maillon dans la grande chaîne de la vie, mais à l’évidence il jouait un rôle non négligeable pour les insectes, la faune ailée et les petits mammifères qui gravitaient aux abords de notre jardin. Leur intérêt soudain pour cet abreuvoir nous démontrait que ces animaux étaient affligés jusqu’à un certain point par le manque d’eau. Et de ce fait, cela devait affecter leurs fonctions de nutrition, de relation et de reproduction. En un mot, leur rôle au sein de la grande chaîne de la vie s’en trouvait perturbé. Et cela étant, fatalement d’autres espèces vivantes, tant au plan animal que végétal, devaient en souffrir, par ricochet.
N’en est-il pas de même pour nous? N’avons-nous pas, nous aussi, un rôle bien précis à tenir en ce monde, pour que la grande chaîne de la vie se perpétue avec le moins de cassures possibles ? En jouant ce rôle au meilleur de nos connaissances, chacun dans notre voie, chacun personnalisant son chemin de vie selon sa touche personnelle, ne devenons-nous pas des abreuvoirs d’eau vive pour les autres, ou, dans le cas d’une contribution négative de notre part, des bassins desséchés ?   
Abstrait que tout cela, me direz-vous, discours métaphysique? À chaque fois que nous acceptons de mettre à profit le souffle créateur qui nous habite, d’aller aux limites du talent qui nous a été donné à la naissance en s’investissant dans un projet qui nous tient à cœur, même si ce n’est pas consciemment dans le but d’en faire profiter nos semblables, ce projet saura faire son chemin s’il est fraternel, s’il apporte aux autres quelque bienfait. Et même si ce service ne nous semble pas apprécié autant qu’on le souhaiterait dans l’immédiat, un bienfait n’est jamais perdu, comme le dit le proverbe. On est toujours récompensé du bien fait à quelqu’un.
En un mot, si chacun de nous faisait en sorte de veiller à ce que la chaîne de la vie se perpétue sans faille grâce à ses actions, et cela si modeste fut cet apport, le cours de nos existences s’en verrait changé. La vie ici-bas se perpétue de chaînon en chaînon.
Paraît-il que le vol d’un papillon en Australie aurait des répercussions sur le climat d’ailleurs, et cela aussi loin qu’au-delà des mers. Mais pour cela, faut-il encore que le papillon batte des ailes !

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