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samedi 24 septembre 2011

La route de l’éternité

                                              

            Il y a quelque temps, alors que je flânais sans conviction devant mon téléviseur, zappant depuis un moment en quête d’un programme susceptible de retenir mon attention, un reportage sur une aubergiste du troisième âge établie dans un petit village de la plaine d’Alsace suscitait soudainement mon intérêt. Veuve depuis quelques années, la bonne dame gérait son établissent sans l’aide de personne, faisant tout elle-même, de la cuisine à l’entretien de son petit hôtel. Implantée depuis son enfance dans ce décor enchanteur de la frontière franco-allemande, la joyeuse sexagénaire veillait avec un soin méticuleux au bien-être de ses clients. Des habitués de la place, au nombre d’une douzaine tout au plus, avec qui elle fraternisait tout bonnement, parlant de tout et de rien, autour d’un petit pichet de vin blanc partagé avec ses hôtes.
            Alors qu’elle devisait sans façon avec l’interviewer, et qu’elle avouait candidement croire en Dieu mais n’avoir jamais mis les pieds dans un lieu de culte, cet aveu me laissait songeur. Comment pouvait-on vivre avec pareille conviction et ne rien faire, sans doute, pour en renforcer l’attachement, en parfaire sa connaissance ? La bonne vieille dame se contentait-elle, à l’exemple de tant de croyants de ce monde, de s’en tenir à un vague sentiment de respect, à la limite de la croyance superstitieuse, pour rendre un culte à son Dieu ?
            Croire en Dieu, qu’est-ce que cela signifie donc pour le croyant ? Ne serait-ce pas avoir créance en sa parole de vérité, son regard de bonté, l’amour ineffable dont il nous gratifie malgré l’immensité de notre indignité, toutes sources de délivrance et de soulagement confondues qui ont le pouvoir d’ouvrir nos cœurs au pardon quand le mal installé en nous nous garde prisonniers de nos blessures, de nos rancoeurs, empêchant nos vies d’éclore et d’ensemencer en nous une terre nouvelle ?
            Comme Rousseau l’a si bien écrit, « le culte que Dieu demande est celui du cœur.» Nul besoin pour rendre pareil hommage à l’Auteur de nos jours de fréquenter des lieux de culte, me direz-vous. C’est vrai jusqu’à un certain point, puisque chaque homme est appelé à faire l’expérience de Dieu par lui-même. Et même si nous faisons l’apprentissage de Dieu à travers la révélation que nous en apportent nos semblables, ce n’est que par une expérience intimement personnelle que nous allons à sa découverte.
Sur les chemins de nos vies, il y a parfois des personnes-clé qui nous servent d’éveilleurs de conscience. Or, pour beaucoup d’entre elles, ces personnes orbitent autour de centres de diffusion de la Parole, à l’image de Jésus qui, il y a deux mille ans, livrait à ses auditeurs nombre des instructions de son enseignement de feu à partir du parvis du Temple de Jérusalem. Se couper de ces lieux de sensibilisation à la Parole n’aide en rien notre propre quête spirituelle.
Vivre en gardant la foi en un Dieu créateur, présence de notre monde, demande un certain mûrissement pour se développer. Heureusement que nous avons le levain de l’Évangile pour que germe en nous la Parole faite chair. Mais connaissons-nous bien la Source du rayonnement qui peut nous transformer en arbre de vie pour les autres ? Connaissons-nous bien son Soleil dont la lumière perce derrière les nuages et filtre jusqu’à nous pour nous inonder de sa vérité lumineuse? Connaissons-nous de façon intime cette Fontaine d’eau vive comme on peut connaître son meilleur ami, comme peuvent se connaître un homme et une femme qui s’aiment?
Quand on projette de faire un voyage à l’étranger, on commence par se renseigner sur la situation géographique précise du pays où l’on désire se rendre, son histoire, les principaux centres d’intérêt à visiter sur place, les mœurs et habitudes de vie de ses habitants, la monnaie en usage, le nombre d’heures de vol nous séparant de notre lieu de départ, les escales de correspondance s’il y a lieu et, avant tout, le coût d’un tel voyage.
Ne devrait-on pas garder semblable questionnement à l’esprit face à l’ultime voyage de notre existence, alors que tant d’entre nous vont vers Dieu un peu en aveugle, sans savoir pris soin d’en faire l’apprentissage personnel au cours de leur vie, si peu préoccupés par son existence que tout ce qu’ils en connaissent tient à ce qu’ils ont lu ou entendu dire de Lui ?
L’intensité de notre interrelation avec Dieu se creuse au fil des approfondissements successifs que nous faisons de l’apprentissage de sa vérité en nous. « Cherchez et vous trouverez », déclare Jésus à ses disciples. Au début, nous cherchons à tatons par des approfondissements d’analyse. Mais à la fin, quand nous sentons que l’approfondissement de notre connaissance tient de l’intuition, nous touchons au mystère de Dieu, là où tous les mots de ce monde demeurent vains à décrire cette expérience mystique de l’âme. Notre contentement, nous le trouvons alors dans une recherche toujours plus poussée des révélations de l’Esprit en nous. Et parce que nous cherchons, nous trouvons. Et parce que nous trouvons, nous cherchons toujours plus, encore et encore.
Nous sommes arrivés en ce monde par la voie de la chair, mais c’est par celle de l’esprit qu’on le quitte. Le chemin du retour est différent de celui de l’aller. Toute notre richesse à l’heure de notre passage de vie à trépas tient à ce que nous aurons compris de l’Amour de Dieu et des applications que nous aurons su tirer des lumières transcendantes de cet Amour dans nos consciences. Suivant l’usage que nous aurons fait de cet Amour, ou  nous arriverons  à bon port, ou nous mettrons peut-être quelques parcelles d’éternité à en chercher la voie. «Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.» (Évangile). La route de l’éternité n’est sans doute pas des plus achalandées.

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