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mercredi 21 décembre 2011

L’étoile de l’Orient





         « Jésus étant né à Bethléem de Judée au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : Où est le roi des Juifs nouveau-né ? Car nous avons vu son astre en Orient et nous sommes venus l’adorer. » C’est en ces termes que l’évangéliste Matthieu nous parle de l’adoration des mages. Plus loin, il raconte encore: […] « ils se mirent en route. Et voici que l’astre qu’ils avaient vu en Orient marchait devant eux, jusqu’à ce qu’il vint s’arrêter au-dessus de l’endroit où était le petit enfant. À la vue de l’astre, ils éprouvèrent une grande joie. »
            Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette description de Matthieu de l’« étoile » de Bethléem nous laisse quelque peu perplexe. D’abord, il la perçoit comme un phénomène miraculeux. Les Mages l’auraient suivie, tel un guide céleste, jusqu’à ce que cette « étoile » s’arrête au-dessus de l’endroit où résidait Jésus.
             Là où ça se complique, c’est qu’à l’époque où serait né Jésus, les recherches historiques effectuées pour retrouver trace de l’éventuel phénomène astronomique susceptible d’être identifié à cette mystérieuse « étoile » de l’Orient, n’ont rien révélé qui puissent lui correspondre. Si traditionnellement certains ont associé la comète de Halley à l’« étoile » de Bethléem, l’une des comètes dont l’apparition dans les parages de la Terre est la plus régulière, eh bien ils ont dû déchanter, car c’est en 12 av. J.-C. que son passage fut recensé par les astronomes. Déception d’autant plus grande que cette comète est devenue, au fil des siècles, le symbole traditionnel de la naissance du Christ dans les diverses représentations de la Nativité. Une autre comète alors ? Nouvelle  désillusion, car les astronomes sont formels : aucune grande comète, susceptible d’attirer l’attention, n’a fait son apparition dans le ciel au moment de la naissance du Sauveur. C’est d’autant plus affligeant que l’Histoire est jalonnée de passages de comètes. Et elles apparaissent à des intervalles si espacés- bien que réguliers-, que l’imagination des hommes a toujours voulu voir dans leur apparition des manifestations de phénomènes majeurs, voire des indices avant-coureurs de cataclysmes.
            Et si on étendait nos recherches aux novæ et supernovæ, ces étoiles dont la brillance augmente sensiblement au moment de leur explosion ? Ces phénomènes inhabituels, visibles la nuit, laissent habituellement des traces dans les chroniques des astronomes, sinon des astrologues. Or, rien de tel ne figure dans les annales de Rome pour la période correspondant à la naissance du Christ, ce alors que les travaux des astrologues romains démontrent qu’ils scrutaient le ciel avec attention à l’époque.
             Abordons le problème autrement alors : si c’était la date de la Nativité qui faisait défaut ? On le sait tous, la chronologie historique ayant servi de base au moine Denys le Petit au VI ème siècle pour créer sans trop le vouloir notre ère actuelle connue sous différentes appellations, dont celle d’« ère chrétienne », est erronée. Pour fixer le point de départ d’une nouvelle ère, on utilise souvent la référence à une ère déjà existante. Denys le Petit choisit une ère connue sous le nom de Ab Urbe Conditia (AUC) qui correspondait à la date de la supposée fondation de Rome calculée par l’historien Varron. L’an 1 de cette nouvelle ère chrétienne correspondait à l’an 753 de Rome. Pourquoi 753, parce que, selon  Denys le Petit, cette année s’accordait avec celle de l’incarnation de Jésus-Christ. Si certains ouvrages tentent bien de nous expliquer comment le moine parvint à trouver cette date, la vérité c’est qu’on n’en sait strictement rien.
            Une autre vérité, c’est qu’on ignore la date précise de la naissance de Jésus. Ce que l’on sait en revanche, c’est que ce n’est pas en 753 AUC. Les érudits s’accordent pour affirmer que d’après les textes et autres événements étant survenus à cette époque  (éclipses, étoile des mages…) le Christ serait né quelques années plus tôt, de quatre à six ans en fait avant celle que Denys le Petit avait arrêtée comme date de sa naissance. Ainsi, selon Matthieu, Jésus est né sous le règne du roi Hérode le Grand. Mais Hérode est mort en l’an 4 av. J.-C. La plupart des chronologistes ont donc opté pour l’an 6, ou même 7 av. J.-C., pour arrêter le moment de la Nativité. En résumé, le début de notre ère ne correspond strictement à rien, puisque le moine le Petit se trompa sur la date de la naissance du Christ, et que cette erreur persiste dans notre calendrier actuel.
            Mais si on accepte cette idée défendue par plusieurs érudits que Jésus serait né en l’an 7 avant notre ère, un événement d’une grande signification pour les astrologues se produisit cette année-là : la conjonction des planètes Jupiter et Saturne. On a calculé, en effet, que les deux planètes se sont rapprochées par trois fois en cet an 7 av. J.-C., et de façon très significative. Ce phénomène qui a été observé à plusieurs reprises depuis n’est pas une fusion de deux étoiles, mais leur rapprochement facilement reconnaissable.
            Matthieu n’étant pas un féru d’astronomie, on peut imaginer qu’il employa le terme « étoile » à tort, du fait de son ignorance. Quoi qu’il en soit, les Mages qui étaient experts en astrologie et en magie, et qui scrutaient régulièrement les cieux à la recherche de messages importants, en étaient certainement venus à la conclusion, suite à leur observation de ce phénomène rare et surprenant, qu’il était le signe précurseur d’une nouvelle de très grande importance.
            L’évangéliste Mathieu nous donne à penser, dans son texte sur « l’adoration des mages », que Jésus a pu passer les deux premières années de sa vie à Bethléem. Ce n’est en effet que plusieurs mois après la naissance du Sauveur que les mages astrologues se présentèrent à son chevet pour l’adorer, la Sainte Famille demeurant alors dans une maison du village, à quelque cinq milles au sud de Jérusalem. « Où est le roi des Juifs nouveau-né s’enquirent d’abord les lointains voyageurs à leur arrivée dans Jérusalem, deux ans après l’apparition de l’«étoile »? On peut imaginer sans peine la stupéfaction que la nouvelle de cette naissance royale cachée devait provoquer au sein de la population de la Ville Sainte.
             Mais si cette information était perçue avec inquiétude par beaucoup de notables de Jérusalem, leur appréhension n’était rien à côté de l’alarme qu’elle avait suscité chez Hérode le Grand, roi des Juifs de par le bon vouloir de Rome. Le tyran avait toujours défendu son royaume avec acharnement, son pouvoir reposant sur une délicate diplomatie, dans une complète soumission au trône impérial romain. Et ce n’était pas cette fois encore que le vieux monarque allait s’en laisser imposer par ce nouveau prétendant à sa couronne. Comme il avait toujours fait à venir jusque là, Hérode allait avoir recours à l’intrigue et à la violence pour protéger son trône. Personne n’allait lui ravir son royaume de son vivant.
            L’« étoile » de l’Orient qui était apparue à l’est et qu’avait suivie fidèlement les mages astrologues depuis leurs lointaines contrées des territoires du désert ne venait pas seulement annoncer au monde la naissance du Roi des rois, mais également ses souffrances à venir. Le Rédempteur du genre humain avait à peine deux ans que déjà sa vie s’apprêtait à basculer en pleine tourmente. Mais cela, c’est une autre histoire ! 
                 

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