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samedi 18 février 2012

Le mensonge


Un jour, un professeur de philosophie demandait à ses élèves de lui faire une dissertation sur le thème suivant : « Comment serait le monde d’aujourd’hui, si les hommes étaient incapables de mentir? » La première question qui me vient à l’esprit est celle-ci ? Pourquoi avoir choisi le mensonge alors qu’il ne figure pas dans les sept principales sources du péché appelées communément « péchés capitaux » ? Pourquoi le mensonge et non pas l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse ?
Et si c’était parce que le mensonge est sous-jacent à toutes ces plaies gangreneuses de l’âme ? Satan n’est-il pas appelé l’esprit de mensonge depuis ce lointain jour funeste où il se glissa dans la peau du serpent pour venir dire à Adam et Ève : Mangez de ce fruit et vous serez comme Dieu ? Même si Chamfort a écrit que « cet arbre de la science et du mal qui produit la mort est une belle allégorie », reconnaissons que l’image est belle. L’homme aveuglé par l’esprit de mensonge veut briser ce lien de maître à esclave avec son Créateur, tel que le serpent le lui en a insidieusement insufflé l’idée. Tout comme son Dieu, il a droit lui aussi à l’ultime connaissance. Dès lors, il fera fi de toute contrainte dans sa vie. Et il s’appropriera le pouvoir d’agir selon sa propre volonté, réclamera pour lui la liberté totale.
Le mode d’action du Mal est la division. D’abord il sépare la créature de son Créateur. Puis il brise, rompt l’unité originelle qui était en celle-ci pour introduire à la place la dualité, le duel, la lutte entre le bien et le mal. Dès cet instant, le souffle brûlant de l’esprit d’orgueil que masquait habilement l’esprit de mensonge s’empare de l’homme pour le plonger dans l’aveuglément, le soumettre à toutes les formes de passion, et le diviser d’avec son semblable. Balayées par ce souffle aveugle, les vacillantes lueurs de la raison s’enténèbrent d’une ombre épaisse, et entre alors en action le troisième génie perfide que cachait l’esprit de mensonge, soit l’esprit de ténèbres dont le règne sera de plonger l’humanité dans l’obscurité la plus profonde qui soit.
Un choix de s’aliéner au mal dans lequel Dieu n’y est pour rien. Notre sagesse envolée, c’est la porte ouverte à ses contraires : l’ignorance, la déraison, l’imprudence, l’inconséquence. Sous le vocable de « sensualisme », l’esprit immonde- le quatrième tentateur sournois à se faufiler derrière l’esprit de mensonge-, transformera notre monde en règne de toutes les voluptés et de toutes les infamies, le faisant sacrifier à toutes les jouissances possibles des sens et passer en mode de luxure perpétuelle, avec tout son cortège d’iniquités et de dégradations morales.
Imaginons maintenant que l’esprit de mensonge ne soit jamais entré dans notre monde. Nos lointains ancêtres n’ayant pas cédé à l’orgueil aveugle qui se perpétue depuis l’aube des temps et nous abâtardit, ceux-ci se développent alors comme s’ils étaient en partenariat avec Dieu, puisqu’Il leur a confié en quelque sorte sa Création. On peut donc se représenter un Dieu retiré à l’écart du monde qu’Il a créé et qui regarde avec bienveillance et intérêt ce que ses protégés vont en faire. Ce monde, faut-il le rappeler, est sous l’impulsion de l’Amour qui a prévalu à l’implantation de nos lointains aïeuls au jardin d’Éden. L’Amour en est la normale, puisque nos ancêtres y vivent dans un état de félicité parfait, y faisant l’apprentissage à chaque instant de toutes les splendeurs et de tous les délices de ce paradis terrestre. Ils ne connaissent donc de la vie que le Bien absolu. Ils ne peuvent imaginer le Mal, puisque celui-ci ne signifie rien pour eux.
Au fil des siècles, ce paradis va se peupler d’hommes fraternellement compatissants, affables, indulgents les uns envers les autres, et ce partout à la grandeur de la planète. Tous solidaires et animés par la même droiture, la même pureté de cœur, le même sens du partage et de l’entraide. La guerre implacable des intérêts et la dévorante passion des biens terrestres n’existent pas, puisqu’elles sont les conséquences directes de notre aveuglement. De même, personne ne se fait une fausse idée de son droit, et personne n’utilise la force pour le faire valoir. L’abondance que cela génère pour la communauté tout entière, le bien-être, l’ordre, la paix, se situent sur un plan d’élévation dont on ne peut même pas avoir idée, puisque la règle de vie du genre humain peut alors se résumer dans ces trois mots : « Dieu, le prochain, l’humanité ».
Malheureusement, ce monde paradisiaque dont on vient de tracer le portrait restera sans doute une utopie à jamais. Il n’existe pas et il est impensable qu’il puisse voir le jour tant et aussi longtemps que les hommes vivront sous l’emprise de l’esprit du Mal. Mais on peut toujours rêver et imaginer ce qu’il pourrait devenir, si nous parvenions à dégager le vrai du faux, le bien du mal, la vérité de l’erreur. « Ce serait alors le paradis sur terre », me direz-vous. Et pourquoi pas. L’Éden, il est toujours là. C’est nous qui avons tout fait déraper sous l’emprise de l’esprit malin, et qui s’en sommes exclu !
Lors du jugement dernier qui aura lieu après la résurrection générale de tous les hommes et où Dieu récompensera chacun selon ses œuvres, en appelant les justes au bonheur sans fin et en condamnant les mauvais au feu éternel- cet événement constitue un article de foi-, paraît-il que tous nos manquements seront étalés au grand jour devant tout le monde. Chacun pourra voir le mal que cachait l’autre de son vivant.
Quelqu’un a écrit : « La vérité d’un homme, c’est ce qu’il cache. » Le paradoxe, c’est qu’il est peut-être mieux, dans ce monde d’hypocrisie et de mensonge dans lequel on vit, que la pratique de l’artifice voile les zones d’ombre de notre âme, tant nous serions probablement les premiers terrorisés par ce qui nous serait révélé, à l’instant où on ne pourrait plus se dissimuler derrière le paravent de la fausseté. Car, comment cacher quoi que ce soit à l’autre, à l’instant où le mensonge n’existe plus ?

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