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samedi 25 février 2012

Au pied de la Croix


Jésus est mourant sur sa croix, entre les deux larrons qu’on a cloués au gibet en même temps que lui. À ses pieds, dans l’ombre épaisse qui enveloppe le Calvaire, le centurion de service attend que la mort ait fait son œuvre pour administrer au divin Crucifié le coup de lance réglementaire auquel aucun condamné n’échappe. À deux pas derrière lui, les bourreaux sont à tirer au sort la tunique sans couture de Jésus, son seul bien terrestre. Légèrement à l’écart sur le Golgotha, pour ne pas nuire au travail des exécuteurs des basses œuvres, veillent en silence la « famille » de Jésus : Marie sa mère, Marie de Cléophas la sœur de sa mère, Marie la Magdeleine, Salomé la mère des fils de Zébédée, et son fils Jean. Juste en contrebas de ce tertre de mort qui domine les terrains environnants à une cinquantaine de coudées à l’extérieur du mur d’enceinte de Jérusalem, les quelques dizaines de légionnaires qui ont servi d’escorte aux trois condamnés à mort à travers les rues de la Ville sainte, afin de prévenir toute forme de violence chez la foule survoltée, attendent patiemment que tout soit terminé pour retourner à la forteresse Antonia abritant les quartiers des troupes romaines.
Soudain, tous croient rêver autour du Calvaire, quand Jésus se hausse sur ses clous et ses plaies meurtries, au milieu de la voix terrifiante du Khamsin qui est à se lever dans le lointain, masquant déjà tout l’horizon au-dessus du désert de Juda. Paraissant immense sur sa croix qui se dresse tel un phare dans ce ciel d’épouvante, un bref instant Jésus reste là, au sommet de ce gibet de douleur, à s’accrocher à son dernier souffle de vie, puis il pousse un cri d’une souffrance indicible, avant de s’affaisser d’un bloc, vaincu par cet ultime effort. Debout au pied de la croix, le centurion voit la tête du Messie crucifié se tourner lentement dans sa direction, puis s’effondrer sur sa poitrine, de grosses larmes débordant de ses yeux morts et coulant le long de ses joues maculées de sang et de crachats.
Vraiment cet homme était le Fils de Dieu! s’écrie-t-il, absolument médusé que ce Fils du Ciel lui ait fait cette grâce insigne de lui réserver son dernier regard, au moment de quitter cette vie à jamais.
Au même instant derrière le centurion, les bourreaux de service s’exclamaient d’une voix commune :
― Aïe, il m’a regardé en mourant!
Mais non, c’est moi qu’il regardait! de s’écrier une voix du groupe des soldats, en contrebas du Golgotha. Mais non, c’est moi! de renchérir un autre légionnaire. ― Pas du tout, c’est moi, d’affirmer un autre garde, avec force. Je me suis dit je rêve, c’est sûrement sa mère et les membres de sa famille qu’il fixe ainsi dans la mort, pas moi, c’est pas possible! Il ne peut pas avoir eu cette considération pour moi, un Romain, je suis de ceux qui l’on conduit à son supplice! Et pourtant, j’en mettrais ma main à couper, c’était bien moi qu’il regardait!
Dans le même temps, des rangs des princes des prêtres, des pharisiens et des docteurs de la Loi agglutinés sur le pourtour du Calvaire, juste derrière les soldats du service de garde, pour être sûrs de ne rien manquer du sanglant spectacle de la mise en croix de celui de leur frère qu’ils avaient dénoncé à Rome comme faux prophète, blasphémateur et roi des Juifs autoproclamé, des dizaines de voix se targuaient au sein de leur groupe d’avoir été celui qui avait recueilli le dernier regard du transpercé, au moment où il passait de vie à trépas. Si bien, qu’à la fin, chacune des personnes présentes sur place semblait revendiquer pour elle cet ultime honneur.
Mais si tous étaient sûrs d’être l’« élu », qui donc Jésus avait-il regardé en mourant?
Et si c’était chacun de nous qu’il regardait..?

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